Tuesday, October 17, 2017

Prostitution et Vox literati à Shangaï avant la Première guerre mondiale, C. Henriot

Cet article traite de la prostitution à Shangaï aux XIXe-XXe siècles. Il s’inscrit dans le courant de l’histoire des genres et a été publié dans la revue Clio. L’auteur s’interroge sur la façon dont est vécue la prostitution en Chine et notamment sa prise de conscience par la société. Il souhaite voir s’il y a le même phénomène qu’en Europe à la même époque.

Pour cela, l’auteur va s’appuyer sur deux sources principales : les écrits des élites lettrées (qui représentent à l’époque l’opinion car ce sont leurs discours qui déteignent sur la vision de la société), et sur la presse qui apparaît à cette époque (ensemble fragmentaire).

Les élites lettrées évoquent les courtisanes (haute prostitution car ce sont elles qu’ils fréquentent. Elles sont bien vues, évoquées avec des métaphores et sans parler de leurs souffrances ou presque. C’est une tradition de brosser les portraits de courtisanes célèbres. On a une image biaisée et enjolivée. Les catégories inférieures de la prostitution sont méprisées et mal vues comme étant la prostitution du peuple (mépris du peuple).

Dans la presse, la prostitution n’est pas le centre d’un véritable débat. Elle est évoquée dans des articles de faits divers et dans les missives des lecteurs (qui se révèlent souvent être des lettrés). On y évoque les moyens d’éliminer la prostitution. Toutefois, ces moyens sont peu applicables en vrai car la prostitution est mal comprise.

Elle est rapidement perçue comme un problème (vols, appât du gain, perversion d’autres femmes ; maladies vénériennes…) opposé au mariage, à la famille, à la stabilité sociale. Il y a un risque de ruine physique, morale et financière de l’individu. Cela est notamment lié au racolage sur la voie publique des liuji (prostituées « mobiles ») vues comme un désordre moral et social. Cette vision très négative s’explique par un accroissement de la prostitution à la fin du XIXe siècle (notamment dans les Concessions) qui engendre de nouveaux problèmes et un envahissement de ce qui était considéré comme l’espace publique par les prostituées. Les courtisanes ne sont plus les seules visibles et souffrent de cette prostitution.

Il existe aussi quelques portraits nuançant le tout (ancienne prostituée remboursant un marchand, prostitué faisant passer ses sentiments après l’intérêt d’un fonctionnaire en le poussant à partir…). On voit aussi un début de prise de conscience du phénomène (les prostituées souffrent, elles sont à plaindre).


Au final, l’image des prostituées dont les courtisanes ne fait que se dégrader durant le XXe siècle. On a un renversement de la vision des choses, le beau monde rêvé des courtisanes cédant place au monde malsain et violent d’une prostitution en plein développement.

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