Vannevar Bush est un scientifique et
ingénieur pionner dans la recherche et le développement des
premiers ordinateurs. As we may think est
publié alors que la guerre mondiale est sur le point de s'achever.
Le texte adresse un appel à la communauté scientifique. Il
l'enjoint à contribuer au développement de moyens novateurs de
partage des connaissances plutôt qu'à des entreprises moins nobles,
formulant dans une certaine mesure une auto-critique du rôle des
sciences dans les récents événements. As we may think
est un article notoirement
connu pour être l'annonciateur conceptuel des grandes technologies
de la seconde moitié du 20ème siècle (stockage, interfaces
informatiques, world wide web, photographie,
vocodeur...) voir au
delà . Témoins des récentes découvertes de son temps
(photocellules, micro-informatique, innovations cathodiques, pièces
de rechange, reconnaissance vocale) il en déduit qu'un nouveau
paradigme est sur le point d'arriver et que la science technologique
va connaître une hausse exponentielle dans ses capacités. Il décrit
tantôt très formellement ce que seront les prochaines interfaces
informatiques, les prochains systèmes de communications, tantôt (et
c'est là qu'il s'avère le plus visionnaire) le socle conceptuel sur
lequel doivent reposer les outils d'analyse, de discours, de
classement du futur. Par exemple, il tente d’appréhender ce que
sera le langage logique à venir, reposant sur un système de
symboles plus riche, un code de seconde génération s'éloignant des
racines originelles du proto-langage informatique. Il développe
aussi l'idée que la réflexion par association doit remplacer les
logiques d'indexation simples pour le stockage et le classement des
données. L'auteur est confiant quant à la possibilité de mécaniser
les logiques d'association qui régissent le cerveau humain pour les
intégrer à des outils. L'auteur imagine la technologie future du
Memex, classement
encyclopédique reposant sur un fonctionnement hypertexte.
L'auteur
imagine même un média d’accès à l'information intégré à
l'humain, dépassant les 5 sens classiquement utilisés. Un moyen
plus direct, annexé au système nerveux, qui annonce dans une
certaine mesure l'homme augmenté, le transhumanisme, aujourd'hui
encore à ses balbutiements. As
we may think témoigne de
l'impressionnante intuition de Bush. Non seulement il perçoit les
formes que s'apprêtent à prendre les nouvelles technologies, mais
il cerne avec beaucoup de précision aussi les intérêts primordiaux
qu'ils doivent présenter : mise en réseau, miniaturisation,
traitement rapide et intuitif des données, facilités ergonomiques
permises par une interfaces innovantes (souris, stylets, écrans plus
clairs). On peut déplorer que Bush soit précurseur en ce qui
concerne le futur des innovations technologiques, en avance dans sa
critique de la place que doit occuper la science dans la société,
mais ne disent rien des dérives que peuvent apporter l'explosion du
progrès. Il est également dommage qu'un article de cette nature ne
présage rien de la guerre de l'information, précipitée par les
découvertes technologiques. Enfin, on peut mettre cette ode à la
recherche scientifique et au progrès en perspective avec certains
discours actuel, décroissant et plus critique sur l'omniprésence et
la nature même des technologies mentionnés tout au long du récit.
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