Saturday, December 16, 2017

Note critique "As we may think" Vannevar Bush

Vannevar Bush est un scientifique et ingénieur pionner dans la recherche et le développement des premiers ordinateurs. As we may think est publié alors que la guerre mondiale est sur le point de s'achever. Le texte adresse un appel à la communauté scientifique. Il l'enjoint à contribuer au développement de moyens novateurs de partage des connaissances plutôt qu'à des entreprises moins nobles, formulant dans une certaine mesure une auto-critique du rôle des sciences dans les récents événements. As we may think est un article notoirement connu pour être l'annonciateur conceptuel des grandes technologies de la seconde moitié du 20ème siècle (stockage, interfaces informatiques, world wide web, photographie, vocodeur...) voir au delà . Témoins des récentes découvertes de son temps (photocellules, micro-informatique, innovations cathodiques, pièces de rechange, reconnaissance vocale) il en déduit qu'un nouveau paradigme est sur le point d'arriver et que la science technologique va connaître une hausse exponentielle dans ses capacités. Il décrit tantôt très formellement ce que seront les prochaines interfaces informatiques, les prochains systèmes de communications, tantôt (et c'est là qu'il s'avère le plus visionnaire) le socle conceptuel sur lequel doivent reposer les outils d'analyse, de discours, de classement du futur. Par exemple, il tente d’appréhender ce que sera le langage logique à venir, reposant sur un système de symboles plus riche, un code de seconde génération s'éloignant des racines originelles du proto-langage informatique. Il développe aussi l'idée que la réflexion par association doit remplacer les logiques d'indexation simples pour le stockage et le classement des données. L'auteur est confiant quant à la possibilité de mécaniser les logiques d'association qui régissent le cerveau humain pour les intégrer à des outils. L'auteur imagine la technologie future du Memex, classement encyclopédique reposant sur un fonctionnement hypertexte. L'auteur imagine même un média d’accès à l'information intégré à l'humain, dépassant les 5 sens classiquement utilisés. Un moyen plus direct, annexé au système nerveux, qui annonce dans une certaine mesure l'homme augmenté, le transhumanisme, aujourd'hui encore à ses balbutiements. As we may think témoigne de l'impressionnante intuition de Bush. Non seulement il perçoit les formes que s'apprêtent à prendre les nouvelles technologies, mais il cerne avec beaucoup de précision aussi les intérêts primordiaux qu'ils doivent présenter : mise en réseau, miniaturisation, traitement rapide et intuitif des données, facilités ergonomiques permises par une interfaces innovantes (souris, stylets, écrans plus clairs). On peut déplorer que Bush soit précurseur en ce qui concerne le futur des innovations technologiques, en avance dans sa critique de la place que doit occuper la science dans la société, mais ne disent rien des dérives que peuvent apporter l'explosion du progrès. Il est également dommage qu'un article de cette nature ne présage rien de la guerre de l'information, précipitée par les découvertes technologiques. Enfin, on peut mettre cette ode à la recherche scientifique et au progrès en perspective avec certains discours actuel, décroissant et plus critique sur l'omniprésence et la nature même des technologies mentionnés tout au long du récit.

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